Seule et sur les nerfs [pv Adelyne]

Aujourd’hui n’était pas un bon jour. Rose n’avait pas prit sa dose de cachets et d’antidépresseurs, n’avait plus de coke, d’héroïne, plus de quoi satisfaire ses besoins. Elle s’était donc enfilé tous les coupes faims qu’elle avait trouvé et tous ses espèces de cachets censés vous requinquer le plus grand des malades, mais ça n’était pas un bon substitut et elle était donc d’humeur exécrable. Tout ce qu’elle désirait, c’était dormir. Cependant, il était quinze heures et après avoir gobé son Valium quand elle s’était réveillée, elle avait du se lever d’urgence pour se pomponner ; en effet elle avait une interview dans moins d’une demi heure.

Une fois que sa limousine l’y eut conduit, elle répondit aux questions avec la fausse gentillesse la plus convaincante, tout en insultant mentalement le journaliste qui ne faisait que lui répéter des questions qu’on lui avait déjà posé au moins mille fois chacune. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’on la laisse DORMIR. Au moins jusqu’à son prochain film. Elle manquait cruellement de sommeil, la veille elle avait encore participé à une de ces soirées sans fin où les afters se succèdent, jusqu’à se que l’un d’entre eux se rende compte que nous sommes au milieu de l’après midi et qu’il n’y a plus qu’une solution : attraper un Valium avant de repartir bosser.

« Stop, je descend ici. ICI, j’ai dit ! »
« Mais mademoiselle, je cherche une place où me garer, je ne vais pas boucher la route avec la limousine, je risque de perdre des points de permis car ce n’est pas la première fois… »
« Vous êtes viré ! Et je descends là ! Vous n’aurez qu’à leur expliquer, à ces foutus agents, que vous êtes viré, ils se montreront peut-être un peu plus compréhensifs que moi ! »

Elle se décala vers la porte et l’ouvrit tout à coup, alors que le chauffeur était en train d’avancer car ils se trouvaient à un feu vert, l’obligeant à se stopper d’un coup, faisant klaxonner toutes les voitures derrière eux.

« Ils arrêteront de klaxonner quand ils verront QUI sort de cette putain de bagnole ! »

Elle posa un pied à terre, puis l’autre, prenant tout son temps afin que les gens qui s’étaient retournés sur le trottoir puissent l’apercevoir et même la reconnaître. Elle leur adressa un sourire chaleureux mais néanmoins complètement artificiel, avant de claquer la porte derrière elle et de sortir une clope de sa poche, frôlant la crise de nerfs une fois de plus.

Elle se dirigea vers le Starbucks le plus près, maudissant le fait de n’avoir pas de personne chargée d’aller lui acheter ses cafés quand elle le voulait. Elle en avait, en plus, mais ça prendrait trop de temps qu’elle aille en chercher puis qu’elle la trouve parmi cette foule de ploucs qui n’avaient rien de mieux à faire que de la mater.

Elle entra en trombe dans le café et se dirigea vers un comptoir, passant devant toutes les personnes, ignorant leurs cris et leurs tapes dans son dos.

« Un café latté et je déteste attendre, je ne suis d’humeur à rien et encore moins à rester plantée là parmi tous ces gens alors dépêchez vous. »

La vendeuse, énervée de s’être fait parler sur ce ton mais qui en avait vu d’autres, se pressa d’aller lui chercher son bien pendant que Rose tirait un billet de 20$ de son porte feuille, une manière peut-être de se faire racheter sa grossièreté.

Un jour comme beaucoup d’autres s’était levé sur Miami ce matin-là, donnant à ses habitants le signal qu’il était l’heure d’ouvrir les yeux afin de commencer une nouvelle journée. Tout le monde aurait pu penser que la vie dans le monde du show business était totalement plaisante et sans le moindre inconvénient et, à première vue, c’était le cas. Les problèmes d’argent ne les intéressaient pas plus que cela, la mort des gens de leur famille les touchait très peu étant donné que pour la plupart, ils n’en connaissaient que les prénoms et le décès d’autres starlettes ne pouvaient que leur rendre le sourire : la concurrence disparaissait. Oui mais il serait totalement naïf de s’imaginer que pour eux, la vie était parfaite car personne sur cette terre n’avait ce privilège.

Adelyne était, comme la plupart des gens qui composaient ce monde, une jeune demoiselle avec un caractère assez fort. Elle savait réellement ce qu’elle voulait et rien ne pouvait l’impressionner plus que ses propres performances. En général, les starlettes, tout comme les paparazzis et les journalistes, avaient une sorte de carapace qui leur était très utile pour leur métier ! Ainsi, la seule et unique personne qui connaissait notre petite héroïne en dehors de ses petits coups de gueule et de son admirable défaut d’être impitoyable et de diffuser toute info qui lui passait entre les mains était totalement persuadée du fait qu’Adelyne avait, malgré son appareil photo auquel elle était énormément attachée, un bon fond. Cette célébrité n’était autre que la belle Bruckheimer, celle qui l’avait sortie de plusieurs impasses et qui avait faire de son monde quelque chose d’un peu plus compréhensible que les hiéroglyphes gravés sur les murs d’une pyramide égyptienne.

Car si notre belle demoiselle n’était pas une adepte du Fourchelang, elle n’en était pas moins une personne mystérieuse, très renfermée et méchante uniquement par autoprotection. Personne ne la comprenait car elle ne parlait à personne. Selon elle, se confier aurait été pareil à se jeter dans la bouche d’un crocodile, sans vraiment savoir ce qui pouvait nous attendre par la suite. Elle décidait donc plus volontiers de raconter certaines anecdotes futiles sur sa vie en gardant le plus important en elle, afin de ne pas faire d’expérience malheureuse à ses dépens. Pendant que nous sommes en train de discuter sur le caractère et la manière d’être de notre petite princesse, cette dernière s’est déjà réveillée, levée, lavée et apprêtée pour la journée qui l’attend.

Vêtue d’une robe noire assez légère et d’un petit gilet, noir lui aussi, notre paparazzi décida de faire un tour au Starbucks, où elle rencontrait toujours des personnes merveilleusement intéressantes en vue de petits scoops bien alléchants. Elle arriva donc dans ce bar que toutes les starlettes les plus prétentieuses, connues et antipathiques fréquentaient. Ce jour-là lorsqu’elle mit pied sur le sol du café, tout semblait plus calme qu’à l’ordinaire : pas un bruit, peu de monde mais surtout, une ambiance lourde et pesante, comme s’il s’était passé peu de temps auparavant quelque chose de regrettable. Adelyne observa le peu de gens présents et, ne voyant rien, regarda sa montre : il était à peine 10 heures du matin, ce qui expliquait la foule peu abondante et le calme de chacun. Les gens venaient ici pour se réveiller avant le travail et, le moral dans les chaussettes, n’avaient pas envie de se mettre au boulot. Comme quoi tout s’explique !

En milieu d’après-midi, car il arrivait souvent que les paparazzis passent la journée ici afin de récolter un maximum d’informations, une actrice de grande renommée entra dans le bar de manière assez fracassante. Les gens étaient bien entendu présents en masse à cette heure et la belle Rose Carter, icône actuelle des plus jeunes, était arrivée totalement irrespectueuse et demanda un café au lait, présentant finalement un billet de 20$ à la serveuse. Adelyne, bien placée pour prendre la scène en photo, usa une fois de plus de son flash, lançant à la starlette :

"Alors comme ça, c’était vrai ! Rose Carter est donc réellement devenue odieuse !"

Rose, qui était plus qu’imprévisible et qui adorait qu’on le lui fasse remarquer, ne s’était absolument pas attendue à ce qu’un flash vienne la surprendre alors qu’elle se montrait sous son plus mauvais jour dans un endroit où elle n’avait pas du tout eu envie d’aller à la base… Elle récupéra son café et se retint très fort de ne pas le jeter sur cette fille, qui venait en plus de tout ça de lui lancer une remarque fort désagréable.

« T’as pas entendu c’que j’ai dit à la dame ? Tu voudrais pas m’obliger à répéter quand même… » dit-elle d’une voix douçâtre qui ne révélait rien de bon malgré le calme apparent qui s’en dégageait – et qui n’était qu’une façade, car à l’intérieur ça bouillonnait.

Elle respira un grand coup puis, les yeux lançants des éclairs, explosa d’une voix hystérique et aigue, dans une énième crise de nerfs :

« Odieuse ! Moi ! Merde alors, je passe mes journées à signer des autographes et à poser sur des photos avec de parfaits inconnus pour que mes fans ne me pensent pas inaccessible et hautaine, mais parfois il m’arrive d’avoir des putains de bas où ça va pas, et où les journalistes dans ton genre (si encore on peut te désigner comme ça, parce que t’es quoi, au fond !) me cassent les couilles, mais j’y peux rien, ça t’es jamais arrivé ? Tu vas pas me faire croire que tu te sens irréprochable, à traquer des gens qui ne t’ont absolument rien fait et à leur pourrir leur vie, toi qui fais ta maligne avec ta photo de moi, qu’est ce que tu vas écrire sur ton putain d’article ? Rose Carter se paie un café 20$ ? QUEL SCOOP ! » un cri strident emplit d’exaspération et de folie peut-être retentit, venant bien évidemment de Rose qui n’en pouvait plus.
« Mademoiselle, calmez vous, vous allez faire fuir les… »
« Toi ta gueule ! tu veux que je te fasse un discours aussi !? Parce que ça me dérange pas, partie comme je suis ! Toi ! » elle désigna du doigt un jeune homme qui la regardait avec étonnement « Oui, toi ! Arrête de me fixer ! J’en ai rien à foutre de vous, putain ! Alors laissez moi mariner dans ma merde, un peu, au lieu de toujours vous mêler de la vie des autres… Putain, c’est quoi cette envie sadique de vouloir pourrir l’existence d’une personne ? Faut être CINGLE ! Maintenant si t’as quelque chose à répondre c’est tout de suite ou jamais, parce que je me casse ! »

Ce que ça faisait du bien de vider son sac, par contre elle le regretterait demain matin quand ses paroles seraient rapportées au mot près dans tous les magazines à scandales de la ville et quand elle se rendrait compte après coup qu’elle venait en une minute à peine de chuter de 10 points dans les sondages évaluant sa popularité. Mais sur le moment, elle avait des flemmes dans les yeux et était empreinte à une énième crise d’hystérie. Ca n’était pas la première de la journée et sûrement pas la dernière, et c’était ça le problème avec les gens un minimum célèbre ; ils n’avaient en tête que le fait qu’ils devaient le devenir encore plus et avaient l’impression que le monde entier se mettait en travers de leur route. Paranoïa et peur constante, voilà le quotidien de Rose. Alors elle pouvait bien vider son venin sur cette connasse de paparazzi, qu’est-ce que ça pouvait lui foutre… Il y avait bien longtemps qu’elle avait perdu la peur d’affronter les gens.

» Adelyne Laundry >> Admin
» Direction Madisson Square Garden [PV Adelyne]