Jake Downer | Heroine's addict - Finish

La salle était tellement grande, qu’on y perdait son regard dans l’étalement de chaises vides, qui semblaient ne faire qu’un avec la scène. Le plus beau dans tout ça ? L’harmonie des couleurs, agrandissait colossalement les voutes, de la fabuleuse architecture, que l’on pourrait qualifier d’œuvre d’art. Mais le don que possédaient les comédiens, s’avérait tout aussi enchanteur, que cette architecture, qui faisait passer Brett, pour un petit étudiant ridicule, infime, et inutile, sans le moindre talent. Evidemment on chercherait tous à dire, qu’il avait du talent, mais par rapport à la grandeur du spectacle, il n’en avait pas. C’est fou, comme on se sent petit face à ce monument colossal. Inutile de tout décrire, la grandeur suffisait déjà, à le rabaisser, mais il se sentait à sa place, ici, bizarrement, comme si quelque chose, le rendait attaché à ce théâtre, alors qu’il n’y avait jamais mis les pieds auparavant. C’était comme si le théâtre, était un concert de belles choses, qui s’entrechoquaient afin d’en retirer du bonheur, et seulement cela. Mais ne jugez pas le théâtre seulement en apparence, il ne le mérite pas, car il renferme une âme, tellement plus passionnante, comme Brett et Lorelei, en fait.

Les Seven Wonders n’étaient donc pas si proches que cela, mais avaient des caractères tellement semblables…Du moins pour certains, parce qu’en fait, seule leur situation commune de richesse, leur avait permis de se connaitre, et ils n’étaient pas tous si proches que ça, car on pouvait voir des lacunes dans les comportements des uns et des autres, sur les autres Seven, ils ne se comprenaient pas toujours, mais d’autres au contraire, étaient faits pour se comprendre. L’alchimie ne s’explique pas, elle est ou n’est pas, mais il régnait dans ce théâtre, une grande alchimie entre les deux jeunes, et par la magie du théâtre. Danser n’était pas vraiment son fort à celui là, pourtant, il avait commencé à ressentir des choses, dans cette danse, comme si elle était la traduction de son âme, elle le valorisait, et Lorelei quant à elle, rayonnait par son talent. Chacun brillait, et semblait scintiller grâce à l’autre, ils étaient à partir de ce jour, liés, comme jamais ils ne l’avaient été.

Elle pleurait, cela lui permettait de moins souffrir, et lui, se sentait bien coupable de la voir ainsi, car personne jusqu’à aujourd’hui ne s’était soucié, de son êtat, à Rory, qui malgré tout, avait gardé la tête haute, et on pouvait la comprendre, qu’elle se soit éloignée, du groupe, car ils avaient vraiment eu, tous sans exception, un comportement de con, mais Brett, avait fini par s’en rendre compte. Là, était le progrès, il avait été très étonné, mais il avait même pris sa défense face a son meilleur ami, et c’était toute la différence, car il ne l’aurait probablement pas fait pour Emily, mais pour Charlotte, c’était quasi sur. Voilà, que Brett pensait furtivement, à ces jeunes filles, qui n’ont pas la vie facile, mais cela lui faisait également penser à sa mère, elle qui les avait quittés, pour partir, on ne sait pour quelle raison, et n’avait plus donné signe de vie, alors qu’il avait tant besoin d’elle, mais il cherchait à ne plus y penser.

La distance était vraiment un tue-l’amour, car maintenant, sa mère ne l’était plus pour lui. Et il espérait même ne pas perdre les Seven, quand l’année serait terminée, car ils iraient tous dans une université, différente, et ils se perdraient surement de vue, et ce n’était pas ce qu’il désirait. Ses amis étaient sa famille, et Rory, était un peu celle qu’il aimait protéger, la petite fragile du groupe. Et pourtant, elle était la plus lucide, la plus intelligente, celle qui aimait tout le temps sourire, mais qu’on voyait a présent rarement rire.

Oublier ses souffrances, c’était avancer, et se soucier du présent pas du passé, il ne voulait pas se souvenir de sa mère, même dans les bons moments, elle était une honte, pour lui, il était content à présent de savoir que son père, et lui, ne souffraient qu’occasionnellement, trop occupés à leurs activités respectives. Au moins, ça leur permettait de se rapprocher, tous deux, mais un manque d’une présence féminine, dans sa famille, était quand même pesant. Restait à voir, si son père referait sa vie, à vrai dire, il le voyait mal rester tout seul, mais le fait de penser, à une trahison de sa part, l’irritait, il voulait vivre seul, pour l’instant avec son père, et s’il le trahissait, alors Brett couperait les ponts, comme avec sa mère, que ce soit mal, ou pas, il s’en ficherait, car il aurait préféré sa compagne, à son propre fils, sa chair, son sang.

Entre les deux jeunes, il résidait une protection mutuelle, afin d’apaiser leurs corps, tous deux meurtris, par la souffrance. Mais pourquoi étaient-ils comme ça ? La peine était grande chez les deux personnes, et ils avaient tous deux, un besoin de l’évacuer, mais pas de la même manière, surtout, que Brett préférait l’intérioriser. Surpris. Le jeune homme fut soudainement surpris, par les gestes de miss Patterson, qui se dirigeait, lentement vers lui, et qui effleurait de ses doigts, sa joue, mais il ne dit rien, il ne la repoussa pas, il se contentait de la regarder, fixement, attendant sa réponse, qui ne tarda pas à venir.

« Tu n’as pas à te sentir coupable, d’une chose que tu ignorais, et d’une chose, qui était préméditée, ma mère n’était pas celle que je croyais, et je suis fier de ne plus l’avoir auprès de moi, elle ne compte plus, alors tu n’as pas à t’en vouloir, tu n’es même pas égoïste, personne n’est au courant à part toi. T’en fais pas, je vais très bien, et ça ne changera pas. »

Un sourire s’en suivit, il se voulait rassurant, et l’état de Brett n’était pas critique, au contraire, plus il avançait, et plus il allait mieux, le temps faisait tout, et guérissait les mœurs. Brett n’était pas du genre à se plaindre également, mais du genre, à aller voir quelqu’un juste pour oublier la tourmente, et cela fonctionnait bien, jusqu’à présent, et voilà que Brett doutait, de ses propres méthodes, alors que venait l’envie de téléphoner à sa mère. Mais il chassa cette mauvaise idée de son esprit, pour pouvoir, être à nouveau surpris, par les actes de la jeune femme, qui après la caresse sur la joue, se mit à l’embrasser, et bien sur, le jeune homme, comme naturellement, sans réfléchir, se laissa faire, et prolongea même le baiser, cependant, après réflexion, il se dit que ce n’était pas forcément la meilleure solution, elle se jetait dans les bras du premier venu, pour annuler les effets de la rupture avec Lance, mais ce n’était pas pour autant, qu’il se serait levé, pour la fuir.

Mais elle dut se rendre compte de son emportement, car elle se leva d’elle-même, et contrairement à lui, elle le fuyait. Lui, regardait, bouche bée, la jeune fille s’éloigner, il n’en revenait toujours pas, et il se demandait bien, comment il pourrait parler de ce geste, qui n’était forcement pas anodin, mais peut être un geste de détresse. Elle prit une nouvelle fois la parole, tentant d’affronter le regard de Brett qui se voulait troublé, plus qu’autre chose, décidemment, les romances entre les Seven Wonders, scellaient bel et bien leur groupe, qui ne rimait que par cela. Elle parlait de Lance, mais il résidait dans ses paroles, un étrange paradoxe. Il s’éclaircit la voix, et il lui répondit, n’ayant toujours pas bougé de son endroit, où il était très bien assis.

« Tu penses à Lance et c’est normal, mais tu n’as rien a te reprocher, tu es une fille bien, arrêtes de te déprécier, tu vaux bien mieux que ça, mais…Récupérer Lance n’est pas impossible, il faudrait juste, que tu arrives à faire le point, pour savoir où tu en es, car tu viens de me montrer que tu es assez perdue… »

Elle fuyait son regard, alors que lui, accordait plus d’importance à la jeune fille, en la fixant, comme pour lui montrer, qu’il était là, et que quoiqu’elle ait fait, elle restait la même, et rien ne changeait. Elle était perdue, et l’ambiance était maussade, elle déteignait sur le pauvre Brett, qui s’efforçait de garder la tête haute, il ne parvenait plus à rester solide, elle lui faisait de la peine, de la voir ainsi, c’était comme se faire du mal à lui, il devait la ressaisir, la réveiller. Entendant ses paroles, il se décida à s’installer une nouvelle fois à côté d’elle, et il lui rétorqua, doucement :

« Tu ne fais que te ronger Rory…Tu t’efforces de lui faire remarquer ta peine, seulement Lance n’est pas un cœur tendre, il faut que tu ailles de l’avant, continuer de sombrer, te feras seulement courir à ta perte, et ne te servira pas à aller mieux ! Et arrêtes de dire que je suis un homme bien, c’est pas vrai, il y a tant d’hommes qui méritent ce nom, ne t’emballes pas à croire que je suis l’unique, il faut que tu fasses une mise au point, quitte à en parler avec Lance, mais saches que je serais toujours là pour toi, mais ne fais plus de bêtises, la Lorelei que je connais ne ressemble pas à ça. Tu ferais peut-être mieux de rentrer pour te reposer, non ? »